Et parfois il pleure...

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Thème : Rencontres improbables

Tandem choisi : le Petit Prince / Nicolas Sarkozy

Pseudo de l'auteur : Ssg

NB : Ne vous fiez pas à la longueur du texte, essentiellement constitué de dialogues. Celui-ci est tellement bien écrit que la lecture se fait très vite.

Le petit garçon est assis au bord de la route, sa valise à côté de lui. Il a marché longtemps et se repose.

Passe, toutes sirènes hurlantes, le cortège de l’homme politique : deux motards devant, deux derrières, et lui au milieu, dans sa voiture laquée noire. Ordre donné, coups de freins, marche arrière, portière qui claque, Nicolas descend, invite l’enfant à le rejoindre et à s’asseoir sur le siège de cuir. Plan média lancé : signaler aux journalistes que Sarkozy raccompagne chez lui un adolescent errant seul le soir sur les routes.

" - Qu’est-ce que tu fais là, au lieu d’être chez toi à faire tes devoirs ? Où habites-tu ?

l - J’habite là-haut, vers les étoiles, je suis venu chercher un peu d’eau pour ma rose.

l - C’est ça, et moi je suis président de la république ! Ha ha ! Et il ne pleut donc pas sur ta planète ? Tu en as de la chance, car ici, ce sont des seaux, des litres, des cordes, il pleut sans cesse, et surtout des ennuis !

l - Les cordes, ça fait mal. Un jour j’ai voulu attacher mon mouton, il a failli s’étrangler…

C’est joli tes lumières qui tournent, on dirait une comète dans le ciel…

l - Allô, le QG ? Bon, prévenez la presse, on file au centre spatial, on l’expédie dans une fusée, pas de demi-mesure, démonstration époustouflante, va être content du voyage le petit !

l - Pourquoi tu veux me faire repartir ? Je n’ai pas trouvé d’eau encore pour ma fleur.

l - Ecoute mon p’tit gars, tu es bien gentil mais c’est pas mon problème que ta fleur elle crève ou non, j’ai mille autres soucis, je vais pas en plus me faire jardinier!

l - Mais ma rose, elle est spéciale…Elle est si belle ! Quand tu la respires, tu ressens l’amour.

l - Donc, tu viens piquer l’eau de la terre pour entretenir ton bonheur, et moi, j’ai plus d’eau et même pas de rose, je dois te dire « Sers toi, fais comme chez toi ? »

l - Je ne sais pas, je voudrais juste que tu m’aides un peu. Si ma fleur meurt, je mourrai aussi de chagrin. "

Une larme coule et glisse le long de sa joue, éclat de diamant qui brille dans la pénombre. Nicolas reste silencieux, fasciné. Puis il approche son doigt et recueille le précieux liquide, perle transparente au bout de son index. Il murmure :

" - Voilà, c’est de l’eau. Ainsi tu es la propre source de ton amour. Tu sais, tous les océans du monde ne valent pas ces larmes... Moi, parfois, il me semble que je deviens sec comme du bois mort…

Allô, le QG ? Annulez, prétextez un canular, je vous rappelle.

l - Alors je ne repars pas tout de suite ?

l - Non, tu es libre. Dis moi ce dont tu as besoin, j’arrangerai ça.

l - Oh, ne t’inquiète pas, je ne serai pas très longtemps ici. Et là-haut, quand j’arroserai ma fleur, s’il pleut sur ta tête, n’oublie pas, peut-être mon arrosoir aura-t-il débordé ?

l - Pff ", soupire Nicolas, " je ne possède pas une seule plante qui pousse, qui vaille la peine je crois.

l - Mais si ! Moi, j’aime bien tes feuilles de chou ", sourit le malicieux Petit Prince.

Nicolas d’abord stupéfait, éclate d’un grand rire, fait signe au chauffeur de s’arrêter, ouvre la portière puis, serrant la main du Petit Prince :

" - Reviens me voir, chaque fois que j’aurai le cœur sec, et je promets de t’écouter avec mes grandes oreilles !

Alors le petit Prince se hisse sur la pointe de ses pieds, et lui chuchote :

" - Pas la peine, c’est avec le cœur que tu peux m’entendre. "

Les bras ballants, Nicolas regarde s’éloigner le garçon et sa valise. Il remonte dans sa voiture :

" - Allô le QG ? Oui, oui, tout va bien. J’arrive, on modifie les directives sur l’immigration. A toute à l’heure. Il raccroche. Son souffle, près de la fenêtre, a formé de la buée. Il hésite, puis timide, il dessine les délicats pétales d’une rose sur la vitre, et là, il sent, juste au bord de sa paupière, il lui semble bien… une goutte vacille.